A l’issue de la coupe de Lorraine par équipe à Uckange en novembre dernier Christophe Griette a annoncé son retrait de la compétition .Un arrêt regretté par tous y compris lui-même surtout lorsque l’on regarde ses combats tous gagné par ippon .» « Pour ma part, c’était ma dernière compétition car je dois me faire opérer de la hanche en janvier »
Nous avons rencontré Christophe afin de faire un bilan et qu’il nous livre quelques confidences
Christophe pourquoi cette retraite surprise ? dans quel état d'esprit te trouves tu???
Tout dabord, je suis un peu frustré car, j'aurai aimé me faire plaisir en compétition cette année, mais bon,je sens que ce n'est plus possible . C'est pour ça que je préfère me faire opérer le plus tôt possible;de toute façon , il faut y passer. C'est sur c'est une petite fin car j'adorais cette ambiance de compétition que j'ai découvert, il y a presque 30 ans dès mes début à Nomeny . Cependant, j'ai encore plein de choses à apprendre en judo, et j'ai encore plein d'objectifs; à commencer par le 5éme dan que l'on a commencé à préparer avec Vincent.
D'autre part, j'envisage de continuer les compétitions au niveau du Ne-waza si la santé le permet; la fédé semble déterminer à développer ce style de combats beaucoup moins traumatisant. Bien sur j'ai aussi l'intention de continuer à faire des cours mais en moins grands nombres à cause de ma nouvelle situation familiale et je serai également la pour l'encadrement des jeunes de l’OFPND en compétition et leur faire bénéficier de mon expérience.
Trouves tu que le judo a évolué ?
Le judo a évolué comme la société;c'est un peu devenu un produit de consommation ou les gens s'investissent de moins en moins au niveau associatif. Avec le développement de plus d'outils de communications (portable ,internet...) il y a moins de dialogue et d’échanges directs !
Quel regard tu portes sur le judo actuel ?
J' ai l'impression que techniquement , il y a une baisse de niveau. En revanche, je trouve que physiquement les jeunes tiennent plutôt bien la route. Je pense que mes propos peuvent se vérifier au plus haut niveau, il n'y a qu’à voir aux derniers jeux olympiques ou l'on a vu des combats très engagés physiquement mais très peu de beau judo.
Quels changement depuis tes débuts en judo, dans le comportement des judokas, les entraînements
Au niveau des entraînements, je ne retrouve pas l'ambiance d'il y a 15-20 ans, je trouve qu'on transpirait plus sur le tapis et pour la plupart ont étaient plus passionnés par la technique. On faisait tous les randoris sans rechigner .Impensable de refuser quand on venait vous saluer. On répétait inlassablement les techniques jusqu’au geste parfait. On ne se contentait pas de faire une seule fois plus ou moins bien le mouvement en attendant que ça se passe.
A part ça, on a plein de raison d'être satisfait, je crois qu'au niveau de l'ambiance OFPND, on a de vrais groupes de copains solidaires les uns des autres. En compétition, la plupart de nos jeunes sont des guerriers qui se donnent sans compter, les lacunes sont plus souvent techniques. Ce qui fait plaisir également, c'est de voir la façon dont certains s'accrochent malgré un manque de résultats. Nous avons un gros potentiel chez nos jeunes, notamment chez les juniors; plusieurs d'entre eux font des résultats dans des tournois nationaux, ce qui peut nous laisser pas mal d'espoir pour cette saison et les saisons à venir. En 1996 Roland Mayance a eu raison de créer le regroupement OFPND car sans cela aujourd’hui les clubs ruraux n’auraient pas ce rayonnement qui va jusqu’au national et auraient peut être disparus ou arrêtes la voie sportive qui attire les jeunes
Quels sont tes meilleurs souvenirs ?
Mes meilleurs souvenirs?
Pleins de super souvenirs, le judo m'a permis de rencontrer plein de gens super sur le tapis et en dehors. Bien sur, on retient ses victoires individuelles mais c'est surtout les victoires des équipes. Je repense à notre qualifications aux France juniors avec Nomeny, ou quand on gagne deux années consécutives en finale du département seniors par équipe contre l'AJ.54.. , je ne peux pas pas oublier ma dernière par équipe mixte à Uckange ou on avait 2 équipes très soudées.
On peut retenir aussi les stages judos ou on a vécu des moments formidables sur le tapis et en dehors avec ses troisième mi temps qui font partie de la convivialité d’un club
Quels sont tes mauvais souvenirs ?
Sur le coup, on a toujours du mal à encaisser les défaites, surtout quand on a un sentiment d'injustice. Je ne considère pas mes défaites comme des mauvais souvenirs, au contraire, je pense que la défaite est le meilleur moyen de se remettre en question et bien que parfois difficile à vivre, la défaite est souvent plus bénéfique qu'une victoire si sur on prend bien soin d'analyser les raisons de l'échec.
Les blessures par contre sont plus dures à vivre, jusqu'à mon opération au genou , j'avais été à peu prés épargné; je n'ai rien eu de sérieux, par contre j'ai assez mal vécu ma convalescence du à mon opération au genou.
Sinon je n'ai pas de mauvais souvenirs de judo,à part bien sur les copains et copines qui sont partis prématurément. Je pense à Mathilde ,Dominique , Jérome , Vincent et Fabrice ,j'en oublie peut être. Mais je crois que les minutes de silence sur le tapis sont des moments extrêmement durs à vivre, et le vide laisser par nos partenaires d'entraînement ne se comblera jamais.
Je pense que le judo va encore m'apporter beaucoup avec peut-être le petit Charly qui prendra la relève ».
Nous avons laissé le mot de la fin à son prof Roland Mayance
« Christophe est arrivé au club de Nomeny il avait 7 ans .Faites le compte presque trois décennies
Ce qui caractérise Christophe c’est entre autre sa modestie et pour preuve il ne vous a pas parlé de ses résultats sportifs éloquents qui vont jusqu’au national .Il incarne tout le concept du code moral du judo :Le respect Toujours respectueux des décisions même parfois injustes ,le courage il trouve toujours des sources de motivations pour gagner et s’entraîner .La sincérité :Quand Christophe est sur le tapis l’ambiance change car c’est un véritable moteur un véritable poumon. Je peux lister toutes les valeurs du code moral du judo et y identifier Christophe sur chacune d’elles.
Sur son arrêt de la compétition je n’ai pas de regret car il a donné sa part et voir plus.
Si nous voulons le conserver longtemps il faut aussi savoir le préserver car il a encore beaucoup à donner dans l’enseignement du judo et de la compétition .Ce n’est qu’une page du livre sur l’aventure du judo qui se tourne et ce livre est loin d’être terminé »